Pancho Villa

Général Pancho Villa, 14 décembre 1915

On a peu de documents, avant 1940, sur l’existence d’un sport ou d’une tradition de tir aux armes à feu sur des animaux vivants. On relie habituellement la naissance de ce qui deviendra un sport au Général rebelle Pancho Villa à cause d’un récit laissé par un de ses lieutenants. Ce récit a été écrit après son service dans l’armée de Villa et mentionne un événement mémorable survenu lors d’un raid de quelques jours sur un ranch au nord de Chihuahua. Il faut savoir que le Général mexicain Pancho Villa menait une vie de bandit entre ses actions militaires, n’hésitant pas à voler bétail et céréales pour les échanger au nord de la frontière contre des fournitures militaires. Il est donc facile d’imaginer une vie de la troupe assez pénible avec des très rares moments de fête.

Le récit narre l’anecdote de deux soldats placés sous le commandement de Juan Martinez, et chacun faisant valoir ses compétences au tir. L’alcool aidant sans doute, les esprits s’échauffent.

Pour éviter que cela ne se termine en duel, le Commandant Martinez propose qu’ils prouvent tous deux leur adresse au tir sur deux bouvillons destinés au prochain repas. L’idée fait son chemin et ce qui est décrit comme « un gran competencia » (une grande compétition ) finit par se dérouler. Comme un certain temps s’est écoulé, suffisamment pour que l’information se propage, c’est en présence d’une foule importante, attirée par la fête, qu’elle a finalement lieu. Deux bouvillons sont attachés à des arbres, bien séparés, à une distance « importante » des tireurs mais qui restera inconnue à ce jour. Les deux tireurs sont invités à tirer une cartouche à tour de rôle jusqu’à ce qu’enfin un des animaux succombe et que les tireurs ne soient ainsi départagés. L’Histoire n’a pas retenu leurs noms, non plus que la date et le lieu exact de cette compétition ni le nombre de coups tirés… Mais cet événement avait du marquer les esprits d’une compétition où les hommes pouvaient mesurer leur habileté au tir et la précision de leurs armes. Des animaux étant régulièrement à abattre, ceux qui avaient assisté à la première « compétition », les autres qui en avaient simplement entendu parler ont reproduit ce duel par bouvillons interposés.

Ce que nous savons de source sûre, c’est que vers 1940, des fêtes étaient organisées au Mexique où le tir de quelques animaux vivants faisaient partie de l’événement.

Dans le livre « Gun Digest of Metallic Silhouette Shooting » de Elgin Gates, le Dr Mario Gonzalez, qui était membre de l’IHMSA (International Handgun Metallic Silhouette Association) à Fresno, en Californie, décrit sa participation à de tels événements dans sa jeunesse au Mexique.
Son premier tour
noi a eu lieu à l’âge de 13 ans lors d’une rencontre dans l’état de Jalisco, peut-être à Guadalajara. A cette fête, seuls des pistolets ont été utilisés pour tirer sur des poulets à une distance de 100 mètres. Blesser l’animal (« faire couler son sang ») suffit à le faire gagner au tireur.
Le but n’est donc pas de tuer le plus possible d’animaux mais de gagner de la viande dans un concours de précision et/ou dans un cadre festif. On retrouvera cette tradition un peu partout dans l’Amérique profonde avec un tir au concept identique sinon qu’il se pratique sur des dindons.

Le Dr. Gonzalez a rejoint un club de tir de Guadalajara en 1946.
Ce club organisait chaque semaine des tirs au pistolet 22LR et au fusil de gros calibre.
Le nombre d’
animaux utilisés correspondait au nombre de concurrents.
Pour le tir au pistolet petit calibre, des poulets étaient placés à une distance de 100 mètres et des pigeons à une distance de 50 mètres. Les concurrents tiraient debout, arme tenue à une seule main.
Pour les tirs au fusil, les poulets ont été déplacés à 200 mètres.
Des dindons ont été ajoutés à une distance de 400 mètres et des moutons à une distance de 500.

Dans certaines occasions, il y avait un prix donné au tireur auteur du meilleur résultat.

Le Dr Gonzalez mentionne également certains championnats régionaux et nationaux.
Il n’était pas précis mais, d’après les distances et les animaux décrits,
il devait s’agir de compétitions utilisant les pistolets 22 Long Rifle
Sa mémoire ne semblait pas exacte mais il l’a décrit comme suit: « Je crois que chaque tireur a tiré cinq c
artouches sur la colombe (50 mètres), 5 coups au poulet à 100 mètres et 150 mètres, et 5 cartouches sur les dindons à 200 Mètres.  »
Ce
témoignage décrit un format très proche du tir moderne sur Silhouettes Métallques
Le tir sur des animaux vivants s’est perpétué dans les années 1950 et Elgin Gates rapporte dans son livre sur la Silhouette Métallique une fête dans un ranch à proximité de Guadalajara où les animaux destinés à la boucherie ont été abattus de cette manière dans une ambiance de fête, de défis et d’alcool. En 1952.